AUTOTEST VIH : LIBRE D'ACCÉDER À LA CONNAISSANCE DE SON STATUT

A 66 ans, Maman Koffi fait montre d’une inépuisable énergie, pour œuvrer à l’amélioration de la condition des femmes autour de la région de San Pedro, en Côte d’Ivoire et inclut dix régions administratives et 24 districts sanitaires. « J’ai moi-même vécu beaucoup de choses », explique-t-elle. « J’ai porté 8 enfants, mais en ai perdu 4, avant leur 5ème année. J’ai connu des grossesses en milieu scolaire, des accouchements à domicile sans accompagnement médical, et l’un de mes enfants est mort du palu parce qu’il n’avait pas été conduit à l’hôpital mais au village. » Maman Koffi a choisi de ne pas laisser ses douleurs l’accabler, mais plutôt d’entrer en école de sages-femmes. « J’ai choisi d’être sage-femme pour éviter que ce drame arrive à d’autres, et j’ai choisi d’aller travailler dans le milieu communautaire pour sensibiliser et aider ces mamans. » Après son cursus initial, Maman Koffi sera également diplômée de l’école des Cadres en Côte d’Ivoire puis d’un Diplôme universitaire en santé de la mère et de l’enfant obtenu à l’université René Descartes Paris-V en 1996. Au début de sa carrière, ses collègues et elle se cotisaient lorsque les ressources manquaient pour organiser des séances de sensibilisation à la santé de la femme, de la mère et de l’enfant, mais également à la prévention du paludisme et de la tuberculose, ou aux fistules obstétricales. En 1998, « avec certaines de mes consœurs, j’ai entrepris la création de l’Association pour la Gestion de la Maternité Municipale déléguée du Bardot (AGEMAB),  unique maternité à cette période dans le grand bidonville du Bardot aux fins de désengorger le Centre Hospitalier Régional (CHR) et contribuer à la réduction de la mortalité maternelle et infantile. »

En vue d’optimiser la participation de la communauté féminine à la gestion de ladite maternité, elle suscite en 1999, la création de  l’Association pour la Promotion de la Santé de la Femme, de la Mère, de l’Enfant et de la Famille (Aprosam) dont elle est toujours aujourd’hui Directrice exécutive. Egalement Présidente de l’Union des femmes de San Pedro, en Côte d’Ivoire, Maman Koffi poursuit au quotidien son travail communautaire qui lui a permis de toucher des milliers de femmes, de mères et d’enfants et a récemment intégré les kits d’autodépistage du VIH, en tant que partenaire du Projet ATLAS, dans ses activités. « Nous avons deux cliniques mobiles, pour atteindre les Travailleuses du sexe (TS) qui sont dans les zones agroindustrielles où travaillent les saisonniers. L’autotest est très bien perçu, notamment parce que ces TS ne faisaient pas la démarche de venir au centre de santé de peur d’être vues. L’autotest apporte vraiment une complémentarité à notre offre de services. » Depuis octobre 2019, 980 personnes ont été sensibilisées à cette stratégie complémentaire de dépistage, dont 715 femmes. Une cinquantaine de personnes ont ainsi appris leur séropositivité et ont pu être prises en charge.

Ces activités communautaires intègrent également le développement d’activités génératrices de revenus, afin que ces femmes s’autonomisent et puissent lutter contre les discriminations auxquelles elles sont confrontées au quotidien. « Si une, deux ou trois femmes s’engagent ainsi, elles sauvent des enfants, elles sauvent des mères », souligne Maman Koffi tout en répondant à l’un de ses incessants appels téléphoniques. Ressource communautaire, mais aussi oreille bienveillante et amie dévouée, Maman Koffi a mis sa vie au service des femmes, pour qu’elles s’affranchissent des barrières que le patriarcat leur impose. « Aujourd’hui je suis grand-mère, deux fois. Mais je suis avant tout la maman de tous les enfants de Côte d’Ivoire », conclut-elle dans un sourire malicieux.

Le mois de Mars était celui de la journée « Zéro discrimination envers les femmes et les filles » (1er mars) et de la Journée internationale des droits des femmes (8 mars). A ces occasions, le Projet ATLAS a choisi de mettre en lumière le travail de Maman Koffi, qui, après avoir grandi dans un environnement défavorisé, a choisi de ne pas se résigner et de lutter pour la santé des femmes, des mères et des enfants.

Lutter contre l’ignorance*

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